Le fiacre de nuit by Souvestre et Allain

Le fiacre de nuit by Souvestre et Allain

Auteur:Souvestre et Allain [Allain, Souvestre et]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-02-22T22:34:04+00:00


14 – L’ARMURE VIVANTE

— Monsieur veut du café ?

— Oui, Baptiste, donnez-moi du café ce soir et même un petit verre de chartreuse.

— Monsieur veut prendre de la chartreuse ?

— Oui, Baptiste.

— Monsieur a tort.

— Bah, une fois en passant.

— Le médecin de monsieur dit que monsieur ne doit jamais en boire.

— Les médecins sont des gens assommants, Baptiste.

— Mais monsieur sait bien que la santé est une belle chose.

— Ça d’accord, Baptiste, mais, tout de même, ce n’est pas un petit verre de liqueur qui vous vaudra d’ouvrir ma succession. Et puis, franchement, aujourd’hui, j’ai eu assez d’ennuis comme cela, j’ai besoin de me remonter. Assez de boniments et d’ordonnances de médicastres, je t’assure, Baptiste, que j’ai besoin d’un verre de liqueur.

Le fidèle domestique qui, depuis des années, servait M. Chapelard, versa un doigt, rien qu’un doigt dans le petit verre qui lui était tendu.

— Monsieur n’a plus besoin de mes services ?

— Ma foi non, tu peux me laisser. Même tu peux aller te coucher, ordonnait M. Chapelard, je me déshabillerai seul.

— Monsieur n’a pas sommeil ?

— Non, pas du tout ! Je vais fumer mon cigare en me promenant sur le balcon, puis je lirai, ce n’est pas la peine que tu m’attendes. Va, mon vieux Baptiste.

— Bonsoir, monsieur.

— Bonsoir, Baptiste, à demain.

***

Baptiste parti, M. Chapelard but son café à petites gorgées, sirota le peu de chartreuse qui scintillait dans son verre, il tira de courtes bouffées de son cigare qu’il envoyait à intervalles égaux vers les lambris de chêne du plafond.

M. Chapelard habitait rue Murillo, le long du parc Monceau, un luxueux hôtel avec vue sur le beau jardin.

M. Chapelard, qui se trouvait alors dans la salle à manger, était assis devant la table où, chaque jour, il prenait ses repas, pièce merveilleusement décorée d’objets d’art, dignes de figurer dans les collections les plus précieuses. Assurément, si M. Chapelard, simple parvenu, n’avait pas une éducation artistique très avancée, au moins il avait eu le mérite de s’entourer de collaborateurs éclairés qui, pour lui, avaient su chercher les pièces rares, les découvrir, les lui indiquer. M. Chapelard, cependant, n’était pas d’humeur, ce soir-là, à examiner ses collections. Il demeurait à sa place, les coudes appuyés sur la nappe, le front entre les mains à songer tristement : la Préfecture de police, émue par un dernier attentat, avait fait évacuer Paris-Galeries, avait ordonné la fermeture du magasin de nouveautés. C’était le scandale, c’était le tort incalculable porté aux affaires, c’était tout l’inconnu du lendemain, car désormais qui donc pouvait deviner quand Paris-Galeries serait autorisé à rouvrir ses portes ? M. Chapelard maudissait en lui-même le plus cordialement du monde, l’intervention de M. Lépine. Il la jugeait à la fois imméritée et sotte.

M. Chapelard toutefois était trop foncièrement honnête pour ne point s’avouer qu’après tout la fermeture de Paris-Galeries avait de légitimes excuses.

« Dame, songeait le millionnaire, c’est qu’après tout c’est effrayant ; chaque jour il se passait quelque chose, chaque jour il arrivait chez moi de véritables catastrophes. Comment cela finira-t-il ?

M.



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